Sympathie pour le fantôme
« Maintenant, ils se demandent tous d'où ils viennent, qui ils sont et ce qu'ils font ici, ils essaient de montrer qu'ils sont français ou, au contraire, qu'ils ne sont pas français, ils se raccrochent de plus en plus à leurs lois, leurs coutumes, leurs traditions ou leurs tribulations, leurs coiffures et leurs parlures, leurs régions, leurs religions. Ils sont fiers des empires de leurs pères et des serments de leurs frères. C'est le ramdam des mémoires, le grand tumulte mémoriel : l'une contre l'autre, elles s'épaulent tout en se poussant du coude, elles se soudoient mais elles se montrent du doigt... Plus personne ne sait comment se souvenir ou comment oublier, plus personne ne sait comment être français. »