Les premieres épreuves photographiques de la Polynésie sont très rares, la plupart des clichés sont l'oeuvre au début de médecins ou d'officiers de marine - Gustave Viaud, Paul-Émile Miot -, affectés temporairement dans les îles ou simplement de passage lors d'une escale. Puis viennent des professionnels - Eugène Courret, Charles et Susan Hoarc, Charles Georges Spitz, Lucien Gauthier -, et nombre d'amateur de talent, tels Henri Lemasson et Jules Agostini, qui font connaître cet éden et leurs habitants, pêcheurs et vahinés, chefs coutumiers et colons. Dans les années 1930, sous le regard de Roger Parry et de Thérèse Le Prat, cette vision du paradis se décale, laissant entrevoir une réalité souvent plus sombre, tandis que le peintre Henri Matisse se contente de ce qu'il appelle modestement des «photographies-souvenirs»; il les gardera pourtant, et certaines renaîtront dans son oeuvre peinte, tant il a «absorbé comme une éponge cet univers magique de l'Océanie, unique au monde».