«Cela faisait une quinzaine de jours que les VTTistes tournaient dans le
village. Ils avaient tout sillonné, tout monté, et Dieu sait que ça grimpe à
Tarnac. Cette nuit de juillet 2008, les cyclistes avaient roulé jusqu'à la
ferme du Goutailloux. Le temps était frais, idéal pour une sortie nocturne.
Au second virage, à moins que ce ne soit le troisième, il faisait nuit, plus
personne ne sait avec exactitude, les cyclistes se sont arrêtés et ont
commencé à creuser la terre pour y colmater une vieille souche d'un
conifère quelconque. À cette heure-ci, la montagne dort, hormis les biches
qui profitent du calme pour se promener, et les cyclistes s'affairaient sans
bruit. L'avantage de choisir une courbe, c'est d'être assuré que les voitures
vont ralentir. Et pour l'appareil photographique que les agents de la
direction centrale du Renseignement intérieur (DCRI) étaient en train
d'installer dans le tronc d'arbre mort, cet atout est précieux. Pendant des
semaines, l'appareil allait mitrailler automatiquement toutes les plaques
minéralogiques de passage. Et quelques sauts de biches, aussi. Ensuite,
on n'a plus jamais revu les cyclistes. Ils sont rentrés chez eux, en région
parisienne, leur vélo dans le coffre.
L'agent de la DCRI me sourit :