Les foules sentimentales ont un héros.
C'est un type souriant qui porte un sac à dos en forme de mappemonde et
qui a rasé sa moustache pour faire plus jeune. En portant sa mappemonde,
il porte un rêve, notre rêve à tous : celui du voyage, de l'errance joyeuse,
de l'aventure qui finit bien. Ce type, vous l'avez reconnu, c'est l'auteur de
guides de voyage : carnet en main, l'oeil aux aguets, il sillonne la planète et,
parce qu'il est sympa, il vous file tous ses bons plans. Qui n'a jamais rêvé
d'être comme lui, libre et insouciant, prêt à tous les départs ?
Seulement du mythe à la réalité, il y a un monde. Écrire un guide de voyage,
c'est recueillir des tarifs de chambres et des horaires de musées. C'est parler
d'hôtels dans lesquels on n'a pas toujours dormi et de restaurants dans
lesquels on s'est ruiné l'estomac. De musées qu'on a visités au pas de course
et de vieilles villes dans lesquelles on s'est perdu.
L'auteur de guides a beau faire le tour du monde, il n'est ni un vacancier,
ni un aventurier. Ni un journaliste, ni un écrivain. Ni un bourreau de travail,
ni un tire-au-flanc. Classons-le plutôt entre le touriste et le voyageur. Il
voudrait ressembler au second mais, dût son orgueil en souffrir, il est au
service du premier. Bref, c'est un type un peu paumé qui n'est surtout pas
ce qu'il croit être : un bourlingueur.
Dans un style drôle et enlevé, Vincent Noyoux dévoile la vie réelle d'un auteur
de guides de voyage. Un regard lucide et amusé sur un métier qui nourrit
bien des clichés. En refermant cet anti-guide, on n'en a pas moins envie de
partir sur les routes... un guide en poche.