L'essai le plus éclairant et le plus décapant sur la « galaxie Hara-Kiri »
« On ne rit pas parce qu'on aime la vie ; certainement pas. On rit parce qu'on déteste cette vie, parce qu'on déteste ce monde, parce qu'on déteste l'injustice, la cruauté, la médiocrité. On rit parce qu'on déteste ce que certains hommes ont fait subir aux animaux, à la nature et aux autres hommes. On déteste la laideur qu'ils ont érigée comme religion ; la bêtise qu'ils pratiquent comme un culte ou l'incurie qu'ils récompensent. Lorsqu'on rit, on ne dit pas "oui" à cette vie. On la défie. On la nargue. On hausse la mise. On lui dit : chiche ! quitte ou double ! On rit pour abolir notre naissance, pour mourir au monde, pour s'évanouir de démence. On rit pour les mêmes raisons qu'on s'abandonne à la passion sensuelle ou à l'alcool : pour mourir un peu à ce monde et au Créateur, cet imbécile, ce fou... »
Il y a deux types de rire : le petit rire né de la soumission aux limites - incarné par le « chroniqueur » actuel, mi-humoriste, mi-valet du pouvoir - et le grand rire né de la confrontation à l'illimité, de la mise en pièces de nos conditionnements. Le Professeur Choron provoquait un grand rire. Il était un samouraï, une figure théâtrale de violence et de distinction. Tous les Chevaliers sauvages est un voyage dans le Japon, la France et les États-Unis de l'après-guerre, en quête des véritables guerriers du comique. Un tombeau de l'humour et de la guerre, où l'on croisera les figures de Mishima, Choron, Cavanna, Fred, Topor, Reiser, Gébé et Andy Kaufman, valeureux héros d'une époque révolue où l'humour fonctionnait comme un substitut à la guerre.
Cet essai précurseur sur la « galaxie Hara-Kiri » est ici augmenté d'un texte inédit consacré à Georges Wolinski.