Tout le sable de la mer est la version française, traduite par l'auteur, d'un vaste récit dans lequel le romancier nous plonge dans les doubles abîmes du temps et de l'espace. L'héroïne principale en est une sibylle : une de ces femmes de l'Antiquité qui, telle celle qui exerçait son art divinatoire dans son antre de Cumes, près de Naples, prophétisaient, inspirées par le dieu Apollon. La Sibylle de Cumes avait reçu de son inspirateur et maître divin le don d'une très longue vie, qui la distinguerait ainsi de tous les autres mortels. Mais elle avait omis de lui demander d'assortir ce don d'une autre faveur sans laquelle la première perdrait une bonne partie de son sens : celle d'une éternelle jeunesse. Max Rouquette nous entraîne dans la spirale à la fois infinie et dérisoire de cette plongée dans une éternité qui est aussi une prison : on sait que la Sibylle de Cumes, rongée par la vieillesse, avait rapetissé jusqu'à ressembler à une cigale que les prêtres du temple de Cumes avaient enfermée dans une cage.
P. Gardy