«Son baiser brûlant me troublerait. Et aussi son odeur, conservée
depuis longtemps dans mes neurones. Je poserais mon nez dans son
cou pour inhaler les arômes de son corps et m'en délecter comme un
parfumeur. J'aurais aussitôt la nostalgie de sa bouche et je la
parcourrais dehors et dedans, lentement, très lentement, comme s'il
me fallait une année entière pour la visiter. Les sensations seraient
différentes de celles qu'avait éprouvées la petite Martina. À cette
époque, je jouais à explorer une terre inconnue où ma fébrilité n'était
autre que de la curiosité mêlée à un besoin de me donner, d'une
certaine manière, à Damián pour le garder près de moi. Mais, là, je
pourrais arpenter ces terres au gré de mon désir enfin libéré, sachant
que son propriétaire me désirait tout autant. Un désir érotique et
amoureux à la fois, une oeuvre d'art inachevée.»