Ce livre a reçu le prix de la recherche de la Société des Anglicistes de l'Enseignement Supérieur (SAES) et de l'Association Française des Etudes Américaines (AFEA) pour l'année 2013. Depuis le premier
Hamlet joué en France, sans spectre ni fleurets, jusqu'aux versions contemporaines de l'oeuvre qui sacralisent la lettre du texte au point d'en épouser la syntaxe, l'esthétique de la traduction théâtrale éprouve la souplesse de la langue et l'agilité du comédien, intrigue le public, et divise les traducteurs. Que recrée-t-on en traduisant le théâtre: un texte littéraire ou un outil de spectacle ? Si la tradition oppose les versions pour la scène aux versions pour la bibliothèque, cet ouvrage s'attache à surmonter ce clivage en cherchant, au coeur même de la poétique théâtrale, les clés d'une éthique de traduction propre au langage dramatique. L'art du traducteur se modèle alors sur celui du comédien, dans son approche physique d'une parole vivante.
Alliant la pratique à la théorie, ce livre adopte une approche comparative en se donnant pour corpus d'étude un éventail de scènes à deux personnages tirées du répertoire britannique: des sombres pentamètres de Marlowe aux dérives allitératives de Caryl Churchill, en passant par les traits d'esprit de Congreve, Wilde et Stoppard, la diction poétique d'Eliot, ou l'écriture double de Beckett. Au fil de ces duos et de ces duels, le travail en détail des rythmes, des sons et des silences conduit peu à peu, en la traduisant, à révéler l'écriture théâtrale.