Ce texte étonnant d'audace et presque provocateur connut un succès extraordinaire durant tout le XVIIIe siècle. Il fut édité dans toute l'Europe, on le recopia à la main des dizaines de fois, la reine Christine de Suède offrit une petite fortune pour en obtenir un exemplaire et l'on discuta sans fin de l'auteur probable. On l'attribua même à Frédéric II de Prusse. La police parisienne, alertée, finit par arrêter les libraires qui le vendaient.
La raison en était simple : c'est que, selon le mystérieux auteur, visiblement familier de l'œuvre de Spinoza, toutes les religions étaient des fables entretenues par des imposteurs, de mèche avec le pouvoir politique pour tyranniser le peuple.
En réalité, il datait de la fin du XVIIe siècle et il s'inspirait probablement des archives de Spinoza, conservées aux Pays-Bas après la mort du philosophe. Méconnu du grand public, voire tenu sous le boisseau pour des raisons évidentes, il démontre qu'il exista un siècle avant l'Europe des Lumières un puissant courant libertaire, celui-là même qui aboutit à la Révolution française.
L'importance historique du Traité des trois imposteurs ne peut cacher sa modernité et son actualité dans ce XXIe siècle qu'assombrissent déjà les conflits religieux.