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De Tristan Tzara, on ne sait souvent qu'une seule chose : c'est l'homme qui inventa la Révolution Dada, cette remise en cause radicale précédant le surréalisme, dont les impératifs furent : « balayer, nettoyer » et qui s'étendit à l'Europe toute entière. Mais entre Samuel Rosenstock, né le 16 avril 1896 dans la province de Bacau en Roumanie, et le vibrionnant révolutionnaire portant monocle et attablé au Flore, « barbare auto-stylé» qui s'éteindra en 1963 dans un appartement parisien bourré de livres et de masques africains, quelle distance parcourue, quelle transformation de soi-même ! Cette première biographie de Tzara, riche de nombreux entretiens inédits avec les survivants du surréalisme, nous apprend la fabrication d'un mythe. Comment devient-on Tzara ? Comment depuis le cabaret Voltaire du Zurich d'avant 1914, où Tzara « vivait et chevauchait la vie comme le chef d'une armée invisible », à son arrivée dans un Paris où les lettres de Max Jacob et d'Apollinaire le sollicitent, « ce barbare du plus haut niveau mental et esthétique » tisse un réseau international d'aide à Dada. Comment il traverse les nuits blanches de Montparnasse tout en menant à bien une oeuvre de poète. Comment il prône la révolution tout en habitant un hôtel particulier construit spécialement par Alfred Loos à Montmartre. Comment il milite dans les rangs de l'armée Rouge, tout en restant fidèle à ses amitiés surréalistes. Comment il écrit dans la solitude tout en se perdant dans le tourbillon de l'entre-deux-guerres, du Boeuf sur le toit aux bals costumés où l'accompagnaient Crevel ou Cocteau. Comment il séduit les femmes mais en épouse une seule qui le nommera « papa, poète, paysan et Propriétaire Parisien »... Dans ce kaléidoscope de noms, d'images, de sigles politiques et de coups de pistolet, on croise tous les intervenants de l'époque, que ce soit en politique (Lénine, Thorez etc.) ou en littérature, Breton, Crevel, Dali, Georges Bataille, Roger Caillois, tant d'autres.