Ce livre s'attache aux « troupes », « compagnies », « collectifs », etc., quelle que soit la façon dont ces entités collectives visant à la production de spectacles se désignent ou sont désignées. Il s'intéresse plus précisément aux différentes manières dont elles s'organisent pour créer des oeuvres, tout en ouvrant l'analyse aux conjonctures politiques, sociales et culturelles qui leur donnent forme et sens.
A l'heure où les appels à une refondation de l'économie du spectacle vivant se multiplient, en France comme dans d'autres pays, la question des formes d'organisation du travail artistique se pose avec une force sans précédent. Si certaines voix plaident pour une conformation aux valeurs et aux formats des industries culturelles, d'autres affirment le projet de « faire autrement » que selon les normes hégémoniques de l'économie capitaliste, manifestes désormais jusque dans les pays où la culture relève d'une économie subventionnée. Elles prônent le développement de modèles fondés sur des valeurs de l'économie sociale et solidaire. En focalisant le regard sur les compagnies, parent pauvre des dispositifs de financement public, ce livre entend rappeler que c'est avant tout en leur sein que se fait la création des oeuvres dans les arts vivants. Il prête ce faisant une attention forte aux relations de pouvoir et aux ambivalences propres à un univers professionnel très marqué par la « coopétition »