Tueurs
« La table de l'écrivain n'est jamais éloignée de quelque charnier » : cette phrase de Boubacar Boris Diop, qui figure au fronton du nouveau livre d'Espitallier, rend assez bien compte de ce qu'est Tueurs : un livre où alternent, dans un jeu de miroir glaçant, descriptions d'exactions commises en temps de guerre et propos tenus par ceux-là-même qui les ont commises. Les descriptions composent une fresque impitoyable, tandis que les propos des « tueurs » font ressortir la pire idéologie qui soit : l'autorisation de tuer aveuglément. Un diptyque saisissant dans lequel - qu'il s'agisse de tueurs au Rwanda, en Afghanistan, en France ou ailleurs - l'homme qui assassine se voit accordé le droit d'être un monstre sourd.