On a souvent fait d'Un héros de notre temps le premier
roman psychologique de la littérature russe. Mais
l'analyse y est toujours subordonnée à cette ironie
dominante, à ce regard distancié et critique que
Petchorine, personnage principal et narrateur, jette
sur ses aventures. À juste titre, on y lira les signes
d'un certain essoufflement de la sensibilité romantique
; mais on verra aussi en Petchorine l'aîné de
ces héros sombres qui peupleront les plus grands
textes de Gontcharov, Tourgueniev ou Dostoïevski.
À bien des égards, en effet, le court roman de
Lermontov, étrange, décousu, fascinant, annonce les
romans russes de la deuxième moitié du XIXe siècle.