La naissance suscite, d'abord, l'image d'un événement heureux. Si fréquente, autrefois, la mort périnatale, celle de l'enfant attendu, s'est vue refoulée, avec les progrès de la médecine et, plus encore, celle de la mère.
Avec ce livre, l'histoire de ce refoulement est montrée de manière très documentée, à travers les contextes historiques et sociologiques de la constitution des métiers de sage-femme et d'obstétricien (ne), ainsi que la division du travail entre le normal et le pathologique, dominée par l'idéologie du risque. Alors que la venue de l'enfant est attendue, ensemble, par les parents et les soignants, la mort demeure. De manière inattendue ou anticipée, telle pour l'interruption médicale de grossesse (IMG), elle confronte les soignants à un lot d'épreuves et de doutes qui se mesure tout autant à la détresse des parents. Le travail est remis en cause, avec l'intensité des émotions, des sentiments d'échec et de culpabilité, des craintes d'erreur, de faute, voire de judiciarisation.
C'est ce que cet ouvrage étudie, à partir d'une série d'entretiens avec des soignants, quand s'effritent toutes les reconnaissances indispensables à l'accomplissement d'un si beau métier. Il est montré, toutefois, que ces épreuves conduisent, par la force d'un travail symbolique, les soignants entre eux, et avec les parents, à trouver les conditions d'une humanisation de la mort, indissociable d'une humanisation de la vie. Ce livre expose, pour la première fois, ce vécu des soignants face à la mort périnatale, avec les parents, vers des actes porteurs de mémoire et d'espoir.