Comment établir l'identité d'une personne à une époque où n'existe ni
photographie, ni empreinte digitale, ni même état civil fiable ? Entre la
Régence et la Restauration, la France a été le siège d'une révolution silencieuse
d'une ampleur jusqu'à présent insoupçonnée : la naissance de
l'identité individuelle, une «identité de papier» fondée sur le registre, le
certificat, le passeport : les soldats, les mendiants, les vagabonds, les criminels
furent les premiers à être «fichés». Avant que l'ensemble de la
société ne soit, à son tour, «identifiée».
Quels sont les instruments de cette identification de la personne ? Les
techniques et les procédures de signalement ? Les acteurs ? Comment la
société a-t-elle réagi à ce processus de fichage ?
Ce livre retrace pour la première fois l'histoire de l'identité individuelle :
en s'imposant dans la vie de tous les Français sous l'influence de l'État,
par le travail et le savoir des agents de la machine administrative de
l'Ancien Régime, de la Révolution et de l'Empire, et par les enquêtes de
la police, les «papiers» ont fondamentalement modifié l'histoire de
l'individu.
La genèse des techniques et des pratiques de l'identification jette un éclairage
nouveau sur l'histoire de notre modernité «démocratique», qui
s'enracine dans des pratiques inventées par l'Ancien Régime, au temps
des rois absolus.