Julie Nakache tire de l'ombre la destinée funeste d'une pauvre gouvernante, paysanne illettrée, qui fut la maîtresse de Rembrandt et la nourrice de son fils orphelin. La jeune Geertje Dircx, désirée puis chassée par le peintre - sans doute le plus grand artiste de son temps, qui se montra probablement, en cette circonstance, d'une « grande laideur morale » -, emprisonnée enfin dans des conditions inhumaines, nous apparaît sincère et fragile, mais elle échappe à la conscience moderne de l'auteur qui s'efforce de la faire revivre sans la trahir, sans lui prêter des aspirations féministes anachroniques. Et cette existence sacrifiée, détournée de sa trajectoire, « aussi fortuite qu'un coup de dés », permet à la jeune romancière d'interroger le sens de sa propre vie et de chercher, « dans le réel, un au-delà de la condition féminine ».