Première monographie départementale sur ce sujet, le choix du Maine-et-Loire
souvent considéré comme «non remarquable» en raison de son
calme et de sa modération pouvait paraître risqué. Mais c'est précisément
ce caractère ordinaire qui renforce, malgré sa dimension géographique circonscrite,
l'intérêt de son étude. Sans excès majeurs, l'épuration y fut plus violente,
diffuse, profonde et durable qu'on ne le dit souvent.
Au-delà, à la rencontre du local et du national, de la micro et de la macro-histoire,
cet essai propose des clés pour comprendre sur quelles bases la société
française s'est épurée. Le choix d'une coupe départementale de la société restitue
en effet le phénomène épuration dans toute sa globalité et sa complexité. Dès
lors, appréhendé comme «une société en épuration», le champ départemental
angevin permet d'analyser comment l'épuration a été vécue et perçue par des
Françaises et des Français ordinaires c'est-à-dire par celles et ceux qui, sans
grade et anonymes, échappent le plus souvent à toute étude historique.
Pour ce faire, après avoir défini les conditions propres à la Libération et à l'organisation
de l'épuration à l'échelle départementale, ce livre explore longuement
l'extrême diversité, rarement prise en compte, des processus d'épuration légale.
La demande sociale d'épuration est au coeur d'une troisième partie. Il s'agit alors
de réfléchir aux modalités de l'épuration impulsée par les populations, tout en
tentant de saisir comment les Angevins ont à l'époque pensé leurs rapports à eux-mêmes
et à l'événement.