«Je suis né à Montevideo, mais j'avais à peine
huit mois que je partis un jour pour la France
dans les bras de ma mère qui devait y mourir,
la même semaine que mon père. Oui, tout cela,
dans la même phrase. Une phrase, une journée,
toute la vie, n'est-ce pas la même chose pour qui
est né sous les signes jumeaux du voyage et de
la mort ? Mais je ne voudrais pas ici vous parler
de la mort. Et je me dis : Uruguay, Uruguay de
mon enfance et de mes retours successifs en
Amérique, je ne veux ici m'inquiéter que de
toi, dire, au gré de mes tremblants souvenirs,
un peu de ce que je sais de ton beau triangle de
terre, sur les bords du plus large fleuve, celui-là
que Juan Diaz de Solis appelait Mer Douce.»