«J'écris : "J'étudie ta poésie en cherchant à distinguer sur quel paysage
se lève ton rêve à toi. Je me souviens de notre discussion animée
au Rijksmuseum d'Amsterdam, devant la Lettre d'amour de Vermeer
et je partage en grande partie tes constants efforts pour concevoir ce
que tu appelles avec tant de force temps pétrifié de la conscience. Mais
l'individualité, pour moi, c'est la conscience aiguë de la façon dont
chacun de nous, dans un mouvement perpétuel, cherche à articuler
pensées et sentiments. Et de même que le Flamand dans L'art de la
peinture soulève le paravent et nous fait visiter son atelier, s'installant
même à la place du peintre (tournant le dos au spectateur, il est vrai),
nous autres, de même, pourrions ouvrir notre atelier, pour qu'apparaisse
plus clairement dans quelles conditions précises nous constituons,
avec des mots instables et insaisissables, la conscience. Nous
commençons sans savoir ce que l'esprit recueillera de l'écoulement
étincelant des choses - ni ce qu'ont laissé les vagues derrière elles
aux premières lueurs du jour. Mais il est juste d'avancer avant de
renoncer à la beauté. Le bijou que tu tiens entre tes mains demande
à présent justice. Regarde-le tant qu'il brille encore."»