« Tant mieux si j'y suis pour quelque chose », déclarait Bernard-Henri Lévy en 2018, lors de la seconde bataille de Tripoli. Sans doute l'un des exemples les plus parlants de ce que l'auteur de cet ouvrage appelle « le complexe militaro-intellectuel ». Bellicistes mais pas combattants, propagandistes actifs des « guerres justes », même si le remède s'avère pire que le mal : les plateaux de télévision sont peuplés « d'experts », qui mandatent l'Occident en gendarme international, médiatisent telle ou telle crise, désignent le méchant, fustigent l'inaction des politiques et convainquent que telle guerre est légitime et gagnable. Dans le passé, des intellectuels, militants politiques, journalistes ou personnalités ont pris les armes pour défendre leurs idées. Aujourd'hui, les acteurs du complexe militaro- intellectuel ne se battent plus que par médias interposés. Comment fonctionne ce complexe ? Comment est-il né ? Comment a-t-il bâti son propre pouvoir ? Risque-t-il de nous entraîner dans des conflits inutiles et tragiques ? Des questions indispensables à se poser alors que l'ours russe ressort de sa tanière.