Lorsque je suis venu à Versailles pour réaliser une étude photographique "classique" sur des jardins "classiques", je n'imaginais pas les surprises qui m'attendaient. Très vite, grâce à ma camera obscura, j'ai saisi les effets d'optique que leurs créateurs avaient imaginés, retranscrit le dialogue entre le ciel et les pièces d'eau, emprisonné le jaillissement impétueux des fontaines. A certains instants, il me semble même avoir tutoyé des instantanés d'Histoire et d'histoires...
La nature a été ma complice, le soleil, les nuages, le vent et la lune mes alliés.
Versailles, qui vit au rythme du déplacement des astres, nous rend spectateurs/acteurs d'un théâtre cosmique. Du poudroiement de l'aube au feu d'artifice du couchant, de l'heure bleue à la nuit étoilée, on est saisi d'une succession d'ambiances et de couleurs variant à l'infini. Le piège à lumière que représente l'appareil photographique n'a aucun besoin d'artifice pour jouer sur la couleur. Les jardins de Versailles ont été mon terrain de jeu favori au cours de deux années. Modeste maillon d'une chaîne d'illustrateurs œuvrant depuis le XVIIe siècle, j'ai eu la chance, saisons et heures différentes aidant, de tenir la chronique d'un lieu qui ne cessera, au fil des ans, de nous surprendre.
Mon unique transgression à l'étiquette fut de ne pas appréhender ces jardins selon la Manière de montrer les jardins de Versailles rédigée par Louis XIV lui-même. J'ai préféré me laisser porter par la lumière de l'instant pour mieux retrouver la volonté du royal commanditaire, et j'espère vous transmettre, au fil des pages et du temps que vous y verrez passer, la magie de ce lieu.
Jean-Baptiste Leroux