L'histoire de l'amitié qui a lié le peintre Leonardo Cremonini et l'écrivain Marc Le Bot, des « vertiges du voir » qu'ils éprouvaient en peignant ou en écrivant, se donne à lire au fil des essais et des dialogues qu'ils ont noués ensemble, entre 1970 et 1986. Leonardo Cremonini voulait que chacune de ses toiles soit « une provocation, un frémissement », débordant les codes de la communication ordinaire.
Dès lors, écrire sur son oeuvre, comme le fait Marc Le Bot, ne peut pas avoir le sens d'en déchiffrer le message, mais plutôt d'en laisser entrevoir « l'irréductible énigme ».
Pour Marc Le Bot, la peinture de Leonardo Cremonini avait le pouvoir de libérer « la présence sauvage » de toute chose, celle des corps, des lieux, des jours, des nuits : « La sauvagerie est l'imminente présence du présent en filigrane de la chose, dans l'écart de son doublement. Son art, à lui, a l'arrogance de la pensée sauvage qui ne se maîtrise que pour être le théâtre de la pensée immaîtrisée. » C'est alors que survient, à la frontière de la maîtrise et de la non-maîtrise, le vertige et l'éblouissement d'être là.