Dans ce nouveau recueil du grand poète russe devenu américain, Baltique et Adriatique, East River et Tibre entremêlent leurs eaux fuyantes. Le temps délave les reflets. Parents, amis, amours s'y engloutissent et le froid envahit tout, communiquant au regard l'acuité souveraine du givre. Mais sous cette voix blanche, appliquée à garder la distance de la réflexion, affleure une sensibilité à vif. Marmoréenne et chaleureuse, lucide et passionnée, infiniment proche, la poésie de Brodsky est de celles qui aident à vivre. Elle est ce «miroir brûlant dont le doigt chercherait en vain à écailler la tendresse».