Je rassemble ici mes inouïs. Je les recueille. Je leur donne l'asile qui depuis l'enfance m'est promis. Asile social. Asile littéraire. Asile politique. Asile psychiatrique.
Qui sont-ils ? Les écrivains en premier lieu. Tous ? Non. Ceux qui ne sont pas entendus. Mais aussi bien ceux que je me suis efforcé malgré tout de saisir. D'Antonin Artaud à Robert Walser. De Céline à Blanchot. De Musil à Bernhard. De Duras à Kundera. De Voltaire à Rushdie.
Je tiens pour acquis que tout écrivain est par définition inouï, y compris dans l'autre sens du terme : insensé, extravagant, fou à lier. Idiot. C'est une conviction très ancienne, une superstition de lecteur, peut-être, qui me vient du premier livre qui m'ait transformé : Moravagine, de Biaise Cendrars.
Je rassemble une vie d'écriture en un million de signes. On lira donc, ici, une suite (recomposée) d'essais, d'entretiens et d'articles, formant une manière d'autoportrait critique. Suite doublée, tant en volume qu'en substance, de nota bene actuels qui constituent, dans leur défilé, un récit plus ou moins troué, en temps de Pandémie et de guerre européenne.
YL