L'un des paradoxes des politiques urbaines actuelles des villes historiques chinoises se traduit sur le terrain par une volonté affichée de protection du patrimoine et la réalité des enjeux de destruction-reconstruction des opérations de rénovation urbaines. C'est le cas notamment des quelques villes anciennes dont les remparts ont échappé aux destructions généralisées depuis l'ère des réformes promouvant les espaces publics et les nouveaux quartiers de la ville ouverte.
Dans le présent ouvrage, les intentions qui ont présidé aux travaux des ateliers des villes historiques Jingzhou et de Xiangfan dans la province du Hubei, en coopération entre l'Université de Wuda à Wuhan et l'ENSAP de Bordeaux en 2005-2006, se sont inscrites dans une démarche toujours d'actualité à l'échelle des villes moyennes et petites, notamment des provinces de l'intérieur, du fait notamment des politiques de mise en valeur du patrimoine et du développement du tourisme : les orientations officielles chinoises actuelles prenant en compte à la fois la protection et la réhabilitation des villes anciennes et la complexité augmentée des enjeux de modernisation.
Le projet d'architecture, tel qu'on le perçoit ici, s'effectue dans le cadre d'un projet urbain prenant en compte les facettes de la singularité des villes existantes. Même s'il fut élaboré dans un temps court, notamment celui de l'analyse, il fut « impressionné » par la force des caractères urbains, des traditions et des pratiques contemporaines de l'habité, acceptant certaines conditions contradictoires, voire paradoxales. Après une première partie mettant en scène les contextes et la problématique des interventions, les travaux présentés proposent des voies de projets multi-scalaires et d'articulation complexe de leurs composantes, intégrant l'enceinte urbaine comme référant et élément du projet.