Aux débuts de la colonisation française en Indo-Chine, une Commission d'exploration du Mékong fut créée dans le but d'examiner la possibilité de rejoindre la Chine par le fleuve et d'en faire une voie propice aux échanges commerciaux avec l'Indochine et donc avec la France.
Membre de cette expédition aux côtés d'Ernest Doudart de Lagrée et de Francis Garnier, Louis de Carné en a rapporté un récit vivant, riche en renseignements sur les contrées traversées et surtout sur les difficultés auxquelles l'expédition a été confrontée tout au long de son périple. Mais les explorateurs ont dû se rendre à l'évidence: le Mékong n'est pas navigable jusqu'à sa source. Ainsi, ils ont été contraints de continuer par voie terrestre jusqu'au fleuve Bleu, le Yang-Tsé-Kiang, qui leur a permis de rejoindre Shanghai, avant de retourner à Saïgon.
Ce voyage, traversant jungles, contrées désertes et pays dévastés par la guerre, fut fatale à Doudart de Lagrée, chef de la mission, qui mourut des fièvres en cours de route.
A son retour à Paris, très éprouvé par la maladie, Louis de Carné consacra toute son énergie à la rédaction finale de son récit. Mais sa mort prématurée à l'âge de seulement 27 ans, ne lui laissa pas le temps de l'achever. C'est son père, l'académicien le Comte de Carné, qui signa la préface et se chargea de la publication du livre, paru en 1872 et aussitôt traduit en anglais.
Curieusement, aucune nouvelle édition française n'a jamais été réalisée depuis cette date et c'est le rapport officiel de Garnier qui a marqué le public.