Dans le monde anglo-saxon, Travels in Arabia Deserta (1888) est considéré comme l'analyse la plus pénétrante du monde bédouin et du désert d'Arabie à l'époque des découvertes du XIXe siècle. Il est également reconnu comme l'un des plus grands textes de la littérature de voyage. C'est en particulier l'opinion du colonel T.-E. Lawrence dans l'introduction qu'il donne en 1921, lors de la réédition de l'ouvrage pour laquelle il avait activement milité : «Cela fait dix ans que je l'étudie et j'en suis arrivé à considérer que ce n'est pas un livre comme les autres, mais quelque chose d'à part, une sorte de bible... Plus on apprend sur l'Arabie, plus on fait de découvertes dans Arabia Deserta. Plus on voyage, plus le respect qu'on éprouve pour la pénétration, le jugement et l'art de l'auteur grandit. Ce livre n'a pas d'âge et ne vieillira jamais. C'est le premier ouvrage consacré aux Arabes du désert dont on ne puisse se passer... ce que je crois être l'une des plus grandes œuvres en prose de notre littérature.»
Travels in Arabia Deserta est le récit du voyage que Charles M. Doughty (1843-1926) a réalisé, de novembre 1876 à août 1878, dans l'Arabie intérieure. De tous ceux qui ont exploré la Péninsule à cette époque héroïque, Doughty est le seul qui l'ait fait sans déguisement ni protection, se déclarant partout sujet britannique et chrétien - ce qui lui valut d'être plusieurs fois molesté, menacé de mort et chassé. Cela lui a permis de saisir la société bédouine à son principe, dans sa vérité généreuse et violente.
La valeur du témoignage de Doughty sur l'Arabie intérieure et la beauté de son récit justifiaient amplement qu'il fût mis fin à la situation de semiignorance dans laquelle se trouvaient les lecteurs francophones vis-à-vis d'un ouvrage que l'on ne connaissait qu'à travers un recueil d'extraits, un cinquième du texte environ. Les amateurs de littérature de voyage, les spécialistes des sciences sociales, les lecteurs curieux du monde de l'Islam arabe disposent ici de la première traduction intégrale du texte.