« J'ai choisi d'entreprendre un grand voyage sur la France des mers. En arpenteur vagabond, j'ai voulu, par les mots et les images, prendre le large et partir à la découverte de ces territoires souvent lointains, chargés d'histoire parfois contrariée, habités ou déserts, battus par les vents, les marées, les cyclones et les ouragans, brûlés par le Soleil et le sel. Mais aussi explorer en route le plus proche littoral métropolitain, ses ports et cités, ses estuaires et ses phares, ses deltas, lagunes, plages, dunes ou falaises, ses innombrables îles, autant de lieux qui m'ont donné, enfant, le goût de la navigation et des mers agitées.
Parti de l'îlot Clipperton, filant vers la Polynésie française et Wallis-et-Futuna puis jusqu'à la Nouvelle-Calédonie, je me suis rendu en Terre-Adélie, en Antarctique, puis aventuré vers les autres Terres australes et antarctiques françaises, les Kerguelen et Crozet, les îles Saint-Paul et Amsterdam, les îles Éparses, les Glorieuses et Tromelin. De là, j'étais à un jet d'éponge de mer de La Réunion et de Mayotte.
Tel est le voyage que je souhaite partager, un périple jusqu'en Guyane, Guadeloupe, Martinique et autres Antilles françaises, à Saint-Pierre-et-Miquelon, en Arctique, au Spitzberg comme à Sainte-Hélène ou à Guernesey... Tout au long de cette circumnavigation, j'ai été chaviré par la beauté de ces paysages sur lesquels le Soleil ne se couche jamais. La France est bel et bien un archipel, le plus grand au monde. J'ai découvert un univers, outre-mer, fascinant, riche d'une extraordinaire faune et flore au coeur d'aires marines protégées. Mais également marqué des cicatrices ouvertes du changement climatique, de la pollution, de la surpêche et de la pêche illégale, de l'élévation du niveau des mers, de l'acidification des océans et de la perte d'oxygénation. Autant de menaces toujours plus dramatiques à l'encontre de la biodiversité.
Ce voyage unique et sensible dans une France des mers souvent méconnue m'a rappelé la prophétie de Richelieu : « Les larmes de nos souverains ont souvent le goût salé de la mer qu'ils ont ignorée. » Et la responsabilité qui est plus que jamais la nôtre, grand prince ou humble marin pêcheur, mélanésien, antillais ou breton : prendre soin de sa mer, de sa planète, c'est prendre soin de soi. »
Olivier Poivre d'Arvor