Fils du désert, Ismaël navigue chaque année sur La Mirabelle pour honorer son rendez-vous avec la mythique Moby Dick qui, pour la première fois, se dérobe.
Lors d'une escale à Amsterdam, il embarque Anaïs, rencontrée dans un bar à hôtesses : « comme Moby Dick fuit le capitaine Achab, les baleiniers, elle fuit celui que j'appelle Achab II, le chasseur dont j'ignore tout ».
Écume déploie trois itinéraires marins, trois lignes de fuite qui s'entrechoquent et s'embrassent : le voyage d'Ismaël qui est aussi une cartographie des ravages subis par l'océan, « cet enfer épileptique aux neuf cercles mazoutés » ; l'errance d'Anaïs façon Querelle de Brest, les migrations des cétacés.
C'est un roman d'amour, un poème océanique et une charge contre la destruction du vivant, la rapacité de l'homme.
Les mots de Véronique Bergen débordent du papier. Son Écume est un raz-de-marée. Un vent brûlant sur la folie du monde.
« Cette nuit, la forme que mon récit doit adopter m'a été révélée par un rêve. Davantage qu'un livre-amphibie, il me faut inventer un roman vortex, dansant comme un tourbillon d'écume, un roman aux pages-branchies, aux phrases ciselées comme des écailles, un roman qui se lance à la mer et nage vers le paléolithique. »
« Achab, cesse de te draper dans les brumes d'un débat métaphysique, de nous slamer beat de ta jambe d'ivoire que ton combat fut théologique, cosmique ! Pauvre châtré, la haine te tenait lieu de sang, de souffle, d'amante. Tu es passé à côté de tout, de la beauté de l'océan, du coucher de soleil, des arbres, de la splendeur des cétacés, de leur intelligence que tu as travestie en ruse diabolique. Tu habitais un corps-cercueil. Ta caboche percée de clous, ton enveloppe corporelle terrorisaient l'équipage du Pequod comme ils t'épouvantaient. »