Ce livre réunit les portraits contrastés et datés des deux plus grandes puissances
de la planète. Dans La machine sur les genoux, Bertil Galland découvre
en journaliste débutant la démocratie américaine dans un zigzag par tous ses
Etats, en 1958 et 1959. L'Amérique est surprise dans un temps de doute. Elle
se voit dépassée par les Russes et leur Spoutnik. Elle cherche une solution au
scandale de la ségrégation. L'auteur suit les politiciens en action, fait face à
Eisenhower, observe les frères Kennedy brillant dans les commissions sénatoriales.
Au bord du Mississippi, un Noël est vécu dans la misère des Noirs...
Treize ans plus tard, Galland parcourt en observateur aguerri une Chine sans
touristes, devenue incompréhensible par les troubles et violences de la Révolution
culturelle. Il écoute à Pékin des universitaires narrer les déchaînements
sanglants des Gardes Rouges. Il rencontre Chou En-lai. En Mandchourie il
passe une journée avec les Cambodgiens en exil : le prince Sihanouk et les
Khmers Rouges ! Mais le pays s'entr'ouvre : sous le pouvoir absolu de Mao
s'amorcent les retournements extraordinaires du régime communiste. Un
séjour de l'auteur dans un village montagnard isolé lui révèle, en lumignon,
l'esprit d'entreprise des Chinois qui va exploser au XXIe siècle.
Selon la règle du grand reportage, servi ici par une écriture très libre, on ne
trouve en ces pages, strictement, que des choses personnellement vues et
entendues. Nous percevons surtout au fil du livre les traits fondamentaux des
USA et de la Chine, dont vont brusquement surgir les mutations planétaires
du XXIe siècle. Et ces deux voyages dans les régions cardinales nous saisissent
comme deux préludes aux bouleversements d'aujourd'hui.
Pendant cinquante ans, Bertil Galland a
écrit, par métier, par nécessité et par passion.
Le journalisme l'a conduit des jungles d'Asie
aux secrètes campagnes vaudoises à la rencontre
de personnages d'une prodigieuse
diversité, guerilleros, chefs d'Etat, clochards
célestes, capitaines d'industrie, artistes,
bergers. La nécessité fut celle, ressentie
comme une vocation (incarnée notamment
dans l'Encyclopédie vaudoise, la collection
Le Savoir suisse ou encore la série des films
Plans-Fixes), de faire connaître les idées, les
créations, les attitudes jugées dignes d'être
partagées. La passion des mots, enfin, le
poussa à publier ses amis écrivains, mais
aussi à transmettre par ses propres textes son
souci constant du style et l'envie toujours
neuve de raconter.
Cette oeuvre est aujourd'hui rassemblée en
une collection de neuf volumes qui paraissent
aux Editions Slatkine. Pour la première
fois, elle apparaît dans son ampleur et son
foisonnement, effaçant les frontières entre le
journalisme et la littérature, s'annexant tous
les genres - du roman à l'essai, de la poésie
au reportage, de la polémique au portrait.
Réfractaire aux idéologies et attentif aux
destinées humaines, Bertil Galland nous
livre une approche du monde tel qu'il s'offre
à celui qui sait le voir et le vivre, inépuisable.