La guerre qui hantait la chair des combattants habite aujourd'hui la mémoire des vivants. Elle perdure dans les papiers et les objets, les images, les paroles et les écrits qui en perpétuent l'histoire et la présence diffuse. Tel un trait d'union, Genevoix en restitue la violence et l'émotion, en dessine l'empreinte. Comme Ceux de 14, comme les commémorations, ses analyses, ses discours et ses évocations sont des gestes de remembrance et de piété qui défendent la paix, portent l'espoir et décantent un trouble qui ne pourra jamais « se clarifier jusqu'au tréfonds ». Entre devoir de mémoire et chaos des reviviscences, l'écrivain obéit à un désir de se souvenir qui défie le temps. Dans le même mouvement, le lecteur qui écoute sa voix vive, et le pèlerin qui voit tourner les éoliennes sur le plateau dénudé de la Vaux-Marie, n'ont qu'à fermer les yeux pour se ressouvenir des clameurs, des fusillades, des « feux de l'orage » aux confins des ténèbres et sentir la présence des hommes à leurs côtés.