Depuis les premières traces de fusain sur les parois des grottes paléo-lithiques jusqu'aux oeuvres non figuratives contemporaines, la peinture explore des sensations, affronte le réel et raconte des histoires. Parmi ces histoires, les épisodes de la Bible ont longtemps tenu une place de choix. Ils illustraient ce que les hommes - et les femmes - attendaient de la vie, ce qu'ils espéraient ou redoutaient, ce qu'ils ressentaient, parfois ce qu'ils pressentaient. À côté de joies passagères qui habitaient les paysages et les portraits, l'histoire et la géographie apportaient leur lot inusable de petites tempêtes et de grands chagrins. Par force, nombre de tableaux montrent la Terre en colère. Mais la peinture elle-même reste le coeur du sujet : que ce soient Uccello, Courbet, Zao Wou-Ki, elle agit pour que cette colère soit, en quelque sorte, transcendée.
Les quatre éléments, l'air, l'eau, le feu, la terre, ont le pouvoir de déclencher des catastrophes. Les signes les plus notables sont le déluge, les inondations, les tempêtes, les avalanches, les sécheresses, les séismes et les éruptions volcaniques, les épidémies, toute une série de fléaux que les peintres ont eu l'occasion de traiter, parfois sur le vif, le plus souvent par l'imagination, avec constance ou impétuosité. Selon, ils représentent une vue, une vision, un spectacle.
Longtemps, le mot « catastrophe » a signifié la fin heureuse ou malheureuse d'une pièce de théâtre, en tout cas un dénouement, en général brusque, et il n'a pris son sens actuel qu'à la fin de l'époque moderne. Du coeur de son effondrement, Van Gogh écrivait à Émile Bernard : « j'essaierai à peindre une verte prairie étoilée de pissenlits ». Aujourd'hui, la nature du réchauffement climatique menace la Terre. Tout prouve qu'il n'y a plus d'alternative, que notre seule chance est d'agir en catastrophe.