J'ai vu Un jour sans fin au bas mot une vingtaine de fois
mais je ne me souviens pas de la toute première, c'est comme
si je l'avais toujours connu. Sans même parler du spoil contenu
dans le titre français, son affiche (Murray captif d'un réveil
à cloches et affectant un peu crédible air étonné) ou les
bruissements du bouche-à-oreille auront inévitablement
éventé le secret de son intrigue, de sorte qu'un spectateur
qui partagerait l'ahurissement et la perplexité de Phil, à la
dix-huitième minute du film, est une chimère, une chimère
à laquelle pourtant le script est obligé de croire, et le plaisir
que nous prenons à voir Phil Connors ne pas comprendre
ce qui lui arrive n'est aussi intense que parce que nous
en savons tellement plus que lui, et depuis si longtemps.