La loi du 17 mai 2013 instituant le mariage des couples de
même sexe a suscité une violente opposition. Alors que le
projet recueillait une adhésion massive au sein de la population,
notamment chez les jeunes, il a été combattu par un
camp traditionaliste, minoritaire, qui a réussi à fédérer tout
un ensemble de préjugés et d'inquiétudes. Or le moteur des
changements dans la famille n'est pas l'individualisme égoïste.
C'est la victoire d'une valeur qui bouleverse tout notre système
de parenté : l'égalité de sexe. Avec le «mariage pour tous»,
nous n'avons pas seulement donné des droits à une minorité.
Nous avons remis en cause l'ordre matrimonial qui avait, il y a
deux siècles, présenté la complémentarité hiérarchique du
masculin et du féminin comme l'horizon indépassable des rapports
de sexe. Réinscrire ces bouleversements dans le temps
long des débats, des lois et des pratiques, c'est se donner les
moyens de comprendre la révolution en cours, ainsi que les
nouvelles valeurs familiales qui l'animent. C'est aussi préparer
la prochaine étape du combat : la filiation pour tous.