« On ne meurt que du premier homme », écrivait Colette en 1909, au moment de son divorce. Vingt-cinq ans plus tard, la blessure n'est pas encore refermée.
Mes apprentissages (1936) en témoigne.
Si elle se penche sur ses premières années de femme, raconte ses souvenirs de jeune épousée et évoque des personnalités du milieu journalistique et du monde littéraire auxquels elle fut très tôt liée, Colette dresse surtout un saisissant réquisitoire contre son premier mari, Henry Gauthier-Villars (1859-1931), dit Willy
Le portrait charge qu'elle a tracé dans ces pages fut ciselé avec un art si parfaitement maîtrisé que l'image qu'elle y donne
de Willy marqua les lecteurs pendant plus de cinquante ans. II fallut attendre les années 1980 pour qu'on revînt à un jugement plus nuancé.
Rarement cruauté fut plus séductrice.