« Crois-tu qu’on ne soit pas tout à fait égarés dans la durée, pas tout à fait séparés de nos morts ni tout à fait perdus pour eux ? me demande Grégoire.
Toutes les Lili. Toutes les Olga. Toutes les Alvina. Tous les Alexandre, tous les Sacha, tous les Nicolas. Casimir, Paul et Georges. Tous sont mes héros. Tous sont tombés sur la plaine des héros ; sur ma plaine. Un seul est absolument tombé du côté des bourreaux : Georges Oltramare, mon oncle. Un seul est absolument tombé du côté des victimes : Casimir Oberfeld, mon père. Mais tous ont penché des deux côtés. »
Écrivain passionné d’histoire et de théâtre (il a signé une dizaine de pièces), photographe et arbitre de football à Genève, Yves Laplace est avant tout romancier. Ses récits donnent la parole à des « irréguliers » : enfants perdus, fous, visionnaires, assassins, persécuteurs ou martyrs, dont les divagations traduisent le fracas et la beauté du monde.