Traces. Ce sont, avant de devenir le mot associé à René
Char et pour ainsi dire la signature de tout écrivain, les
empreintes laissées par une bête sauvage, loup traversant
un bois, ou les marques semées par un être humain afin,
non seulement de se repérer dans l'univers obscur, mais
de retrouver le chemin du retour aux origines. L'écrivain,
en même temps qu'il crée les siennes, déchiffre celles qui
jalonnent la littérature. Il creuse ainsi des sillons, cherchant
sous la végétation qui a levé au passage l'élan initial profond
imprimé en lui, sa permanence, son mystère.
À ces deux dimensions, lire et écrire, d'une même poursuite,
j'en ai joint une troisième qui m'est familière : traduire.
Chacune de ces activités faisant écho aux autres, j'ai adopté
la forme du journal qui les mêle intimement, en me fiant à
l'apport par ailleurs indispensable des rencontres et du
hasard.
C. M.