Trieste en sa lumière
« La plus au nord des villes du Sud, la plus au sud des villes du Nord », disait-on en 1900 à propos de Trieste. Cette possession des Habsbourg depuis le XIVe siècle, soeur ennemie de Venise, port où confluaient Italiens, Slovènes et Autrichiens, fut le plus important débouché maritime de l'Empire austro-hongrois. Dévolu à l'Italie en 1918, puis berceau du fascisme, en proie au nationalisme, il fut enfin âprement disputé après 1945 entre Tito et les Occidentaux avant un retour négocié à l'Italie.
Carnets de promenade plutôt que carnet de voyage, Trieste en sa lumière tente d'explorer simultanément le visage actuel de la ville et son étonnant passé cosmopolite, où se croisent notamment Stendhal, Sissi, Maximilien du Mexique, le Burton traducteur des Mille et Une Nuits, Freud, Joyce et Italo Svevo...
Cosmopolitisme assumé, en un pied de nez aux nationalismes : la plaque en l'honneur de l'impératrice Marie-Thérèse, qui développa le port franc, est en italien, allemand, Slovène, hongrois, serbe, croate, grec et hébreu.
Patrick Boman, auteur du Dictionnaire de la pluie, connaisseur de l'Inde, du Nicaragua, de la Lorraine et de la Bretagne, de plus en plus persuadé que toute identité n'est faite que de morceaux tant bien que mal cousus et recousus, nous livre ici un portrait amoureux de la belle endormie.